[Décryptage] La carte de « La marionnette » dans le Symbolon Tarot.

Par le passé, je vous ai déjà proposé un décryptage des cartes du Magicien et du Maitre provenant du Symbolon Tarot, cette fois-ci je vous propose la découverte et l’analyse visuelle d’une nouvelle carte de ce tarot : celle de la MARIONNETTE une carte bien mystérieuse : « a devil in disguise » dirait peut-être Elvis Prelsey ?

Plusieurs éléments évoquent effectivement le mystère : le paravent, ainsi que la chambre dissimulée derrière les rideaux à peine entrouverts. Mais nous verrons que la carte revêt un aspect un peu moins reluisant que celle du secret ou du mystère.

La carte évoque en effet plutôt la dissimulation et qui donne au mystère une dimension plus recherchée, volontaire : on ne voit pas la main qui « tire les ficelles » de la marionnette. Cela signifie que l’on ne veut pas montrer ce qui dirige, ce qui guide la marionnette dans ses gestes.

Les fils sont le deuxième élément central de la carte. Le fil c’est ce qui lie entre eux des éléments. Ici on ne sait pas à quoi est relié la marionnette, on ne sait pas qui ou quoi contrôle les gestes qu’elle pose, et pourtant on comprend que c’est eux qui la font agir. Ici, c’est plutôt une métaphore qui vient dire que les actions du personnage ne sont pas naturelles, qu’ils sont « pensés », il y a des « arrières-pensées ». La marionnette est « ficelée » : ses mains ne sont pas juste suspendues par les fils au contraire des autres éléments qui y sont reliés, mais elles enroulées dedans. Ses mains sont donc comme ligotées et donc prisonnières de ce qui la fait se mouvoir. Dans le langage familier, on dit de quelqu’un qu’il est « ficelle » quand on le trouve habile à tromper. La ficelle peut aussi désigner des subterfuges, en témoigne cette expression : la ficelle (le filon) est un peu grosse.

Une marionnette n’est pas nécessairement dotée de fils, or ici ce sont eux qui l’articulent, il s’agit donc plutôt d’un pantin… Pantin, terme qui au figuratif désigne une personne qui se laisse facilement manipuler.

D’ailleurs dans cette carte, on bien retrouve des éléments de mise en scène : la marionnette en elle-même, personnage de spectacle, mais le rideau de nouveau qui comme sur scène fait la séparation entre ce qui est présenté au spectateur : la marionnette qui joue le spectacle d’un coté et les coulisses où tout se déroule pour que le spectacle soit parfait à la vue de tous, de l’autre. L’habit enfin, de la marionnette rentre aussi dans ce champ car il peut rappeler un costume, un déguisement.

De part les apparats que porte la marionnette, on comprend que la carte fait également référence à la beauté, aux apparences, à la superficialité. S’il y a un paravent la marionnette n’était pas ainsi apprêtée avant d’entrer en scène : les bijoux, la coiffe, la belle robe de soie qu’on imagine bien cousue de pierres précieuses. Elle est pomponnée, maquillée, seul le parfum manque pour traverser la carte et arriver jusqu’à nous.

La sensualité aussi est largement suggérée : par le paravent (on se dénude derrière un paravent) et ce que l’on pourrait deviner être un lit dans le passage derrière les rideaux : une alcôve donc. Le corset lorsqu’il était utilisé à l’époque victorienne, était porté pour sculpter la taille, soutenir la poitrine et ainsi mettre en avant les attributs féminins (une époque très marquée par les diktats de la société sur la femme, le corset a souvent été condamné comme un instrument de torture, tellement il serrait et contrariait la nature de la taille des femmes). On notera d’ailleurs le contraste excessif entre la taille particulièrement étroite et la jupe particulièrement « bouffante ».

Les lèvres sont charnues, le haut du buste largement dénudé.

La personne cherche à plaire quitte à se faire du mal, à contrarier sa nature profonde. Par ailleurs, on peut aussi noter que l’on voit les demi-jambes nues de la marionnette, ce qui n’est pas courant pour une telle tenue (les robes courtes n’existaient pas), les fils semblent presque la relever : on rentre donc dans l’intimité de la marionnette. La sensualité est aussi évoquée dans sa posture, elle danse : c’est l’expression corporelle.

Mais elle ne danse pas n’importe comment, elle porte des pointes de ballerines et quelle autre discipline que la danse classique pour apprendre à maitriser son corps à la perfection. Le corset MAINTIENT son corps, il le « contraint ». La personne ne se met donc pas (totalement) à nu, elle ne dit pas qui elle est vraiment, elle a sorti les éléments qui lui permettront de persuader ceux qu’elle a en face d’elle grâce aux artifices mais elle se « bride ».

On imagine assez facilement qu’elle se prépare pour se rendre à un événement mondain ou bien à un rendez-vous amoureux. En effet, vous remarquerez qu’alors qu’elle est bardée de bijoux… elle ne porte pas de bague !

Il y a un manque de spontanéité dans cette carte, quelque chose la retient d’être elle-même. Les fils le montrent, quelque chose la pousse à agir d’une façon non décidée par elle-même véritablement mais plutôt par celle/celui/ce (au sens large) qui a les fils entre les mains.

Tout semble contrôlé, rien ne dénote de l’apparence de la marionnette, tout est coordonné, rien n’est oublié, tout est pensé, parfaitement ajusté.

La marionnette affiche un sourire, elle semble heureuse (quoi qu’un peu désabusée), elle fait le show (pourrait on aller jusqu’à dire que c’est un guignol ?), il semblerait qu’elle n’a donc pas conscience d’être menée/dirigée par autre chose qu’elle-même ou bien alors qu’elle y participe volontiers.

Un paradoxe remarquable dans cette carte : la pièce dans laquelle se trouve la marionnette est particulièrement simple, voire même « vide », elle est très peu chaleureuse, à contrario de ce que l’on nous donne à voir de son hôte. Il n’y a semble t-il qu’un paravent et un lit, son foyer ne regorge pas d’objets, rien sur les mus, ni les sols, qui ne vient décorer la pièce. Le luxe ne semble se situer que sur sa tenue. On peut donc imaginer que la personne concentre toutes ses ressources sur l’image qu’elle donne d’elle-même, que toute sa « richesse » ne soit dédiée qu’à son apparence et à ce qu’elle présente d’elle au Monde , on en déduira d’après ce que l’on distingue sur cette carte, que la marionnette ne cherche donc pas à cultiver son « intérieur » : son foyer et/ou elle-même.

Ainsi, au vu de ce que l’on a pu étudier de cette carte, voici ce qu’elle peut vouloir évoquer :

  • Le fait de rentrer dans le moule de ce que les autres attendent de nous, de jouer le jeu de ce qu’on veut de nous.
  • Le verbe « déguiser » : porter un costume ou bien le fait de dénaturer pour falsifier la réalité.
  • Le fait de ne pas se dévoiler totalement.
  • Le fait de travestir la réalité.
  • Le jeu de la séduction.
  • La manipulation : que l’on en soit victime ou que l’on en soit acteur.
  • La théâtralisation d’une situation.
  • Le fait de ne pas être totalement libre de ses mouvements mais contrôlé par ses propres barrières, par les codes de la société ou par quelqu’un sans en avoir conscience.
  • L’image que l’on veut donner à la société.
  • Le fait d’être matérialiste et/ou superficiel.
  • Jouer un rôle qui n’est pas le sien.
  • La recherche de la perfection physique.
  • Être obnubilé par son corps, sa transformation physique.
  • S’arrêter aux apparences.
  • Le plaisir charnel, éveiller le désir.

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